Nikon D750, le meilleur en montagne?

Mar 2, 2017 | Matériel, News

Fidèle compagnon depuis plus de deux années, et par tous les temps, le reflex Nikon D750 est très certainement selon moi le meilleur boîtier qui puisse accompagner un photographe en montagne.

Après avoir utilisé un D700 pendant de nombreuses années puis un D600, l’acquisition du Nikon D750 a été une véritable révélation. Désormais, que ce soit en altitude, accroché au bout d’une corde  ou lors d’un bivouac en montagne, après de longues heures de marche, ce boîtier ne me quitte plus lors de mes reportages. Il est temps de faire partager mon expérience et de donner mon avis sur ce réflex agile comme un chamois !

Nikon D750 plein de neige

Mon boîtier Nikon D750 à 3800m d’altitude dans la tempête de neige après 10 minutes d’utilisation et par -20°c. Avec sa tropicalisation comme sur un D810 ou un D5,  il est possible de l’emmener sur les reportages les plus extrêmes. Pour l’instant il ne m’a jamais fait faux bond.

Pourquoi le D750?

Ce boîtier s’est imposé de lui-même.

Il est compact, fiable et surtout léger. Ce qui est parfait pour mon activité professionnelle de photographe en montagne. C’est un appareil taillé pour l’aventure. Par rapport aux commandes de mes clients, il m’est nécessaire de travailler avec un appareil qui pèse le moins possible. Quand vous marchez plus de 10 heures en haute montagne avec votre matériel d’alpinisme, tout gramme supplémentaire devient vite un véritable calvaire. Les 750g du D750 permettent d’emporter avec facilité ce reflex plein format. La construction de son corps en alliage de magnésium avec usage de fibre de carbone pour la façade avant le rend léger tout en étant assez robuste.

La solidité est d’ailleurs le second argument pour le choix de mon matériel photo. Même si j’essaye d’en prendre le plus grand soin, je ne travaille pas en studio et mon appareil est souvent mis à rude épreuve. Je l’ai testé cet été lors d’une expédition au Groenland.

Dernier point et non des moindres, le D750 est compact, ce qui n’est pas négligeable accroché à une corde en plein vide. Souvent en effet je me trouve dans des espaces exigus et inconfortables pour cadrer et l’utilisation d’un petit boîtier me facilite grandement la tâche.

Le photographe Marc Daviet

Conditions de prise de vue extème du côté du Ben Nevis en Ecosse. Entre le froid, la glace et l’humidité, le D750 a été mis à rude épreuve.

Alpinistes sur l'arête Kuffner.

Alpinistes sur la fameuse arête Kuffner dans le Massif du Mont-Blanc lors d’un shooting pour Julbo. La légèreté du D750 le rend facilement transportable en haute-montagne même après plusieurs heures d’ascension.

Nikon D750 – 1/1250s f/10 ISO 320 – 20mm

Côté performances.

Avec son capteur plein format de 24 Mpx, le D750 propose un bel équilibre entre définition et taille de fichier. La qualité d’image est vraiment très satisfaisante notamment en basse lumière. Quand le recours au flash est problématique la montée en sensibilité de ce boîtier est un avantage certain pour mon travail, lors de départs matinaux à la frontale ou lors de bivouacs. Je l’utilise facilement jusqu’à 3 200iso voire un peu plus dans les cas les plus extrêmes.

L’autofocus issu du D4S est d’une grande qualité et la fonction suivi 3D marche à merveille même dans des conditions de lumière compliquées. En détectant les couleurs et l’intensité de la lumière, l’autofocus suit facilement sa cible notamment avec des sujets se déplaçant latéralement comme un traileur ou avec beaucoup de contraste comme un skieur sur la neige.

Il est doté d’une rafale de 6,5 i/s, ce qui est amplement suffisant pour mon utilisation, par exemple, lors d’un reportage en ski de rando. Bien entendu, on est loin des appareils à plus de 11 i/s mais ces derniers ne font pas le même poids que le D750. Je les réserve pour des journées de shooting dédiées exclusivementau ski ou au trail running et avec une plus grande facilité de déplacement.

Whiteout à Chamonix

Whiteout total du côté de Chamonix. La cellule n’est presque pas mise en défaut malgré la grande zone blanche de neige.

Nikon D750 – 1/2500s f/8 ISO 250 – 20mm

Photo d'un alpiniste dans la tempête.

Même au milieu de la tempête de neige, l’autofocus du D750 ne décroche pas.

Nikon D750 – 1/4000s f/8 ISO 400 – 20mm

Départ au petit matin depuis le refuge du Couvercle.

Reportage pour Alpes-Magazine : Départ du refuge du Couvercle au petit matin dans le Massif du Mont-Blanc. Le bruit numérique est bien contenu malgré la haute sensibilité utilisée.

Nikon D750 – 1/80s f/6,3 ISO 3200 – 28mm

Lever du jour aux Aiguilles d'Arves.

La belle dynamique du capteur permet de travailler en souplesse. Ainsi dans cet exemple on peut voir que les nuances des nuages ont été bien rendues.

Nikon D750 – 1/400s  f/13 ISO 640 – 20mm

Ski de randonnée

La rafale à 6,5 i/s est suffisante pour capter les virages de ce skieur.

Nikon D750 – 1/400s  f/11 ISO 100 – 60mm

Les petits plus.

Le D750 regorge de détails techniques qui facilitent la vie du photographe. Tout d’abord le boîtier possède un écran arrière orientable. Cela pourrait paraître un gadget, mais c’est en réalité un vrai plus. Associé au liveview il devient ainsi très facile de faire des prises de vue à ras du sol tout en gardant la possibilité de faire le point. Fonction géniale par exemple sur un chemin ou au dessus d’un cours d’eau.  Ce serait encore mieux avec un écran tactile. J’ai également utilisé cette fonction d’écran orientable en falaise afin de décaler ma prise de vue de la paroi pour augmenter la dynamique de certaines lignes de fuites présentes dans mon cadre.

Les touches utilisateur préréglées permettent de changer de configuration en un clin d’oeil. J’ai par exemple choisi d’assigner à l’une d’entre elles la fonction de réglage vidéo. Je peux ainsi passer rapidement de la photo à la vidéo.

L’autonomie des accus du D750 est vraiment très importante. Je prends toujours un ou deux accus supplémentaires au cas où, mais lors d’une journée de reportage photo, il est bien rare que je les utilise. Je boucle souvent ma journée avec une seule batterie. C’est d’autant plus intéressant dans des conditions froides en montagne.

Le wifi en outre est très appréciable pour envoyer rapidement une image à votre client ou pour couvrir un évènement. Ce système permet de piloter le D750 depuis un smartphone. Là encore, c’est un atout dans les situations où je ne peux pas me placer derrière l’appareil pour cadrer et déclencher.

Passage de rivière

Passage de rivière lors de la Julbo Vertical Session, une expédition au Groenland. La photo a été réalisée en utilisant l’appareil au ras de l’eau grâce à son écran orientable. Sans cette astuce, l’image n’aurait pas eu le même impact.

Nikon D750 – 1/1600s  f/4 ISO 2500 – 100mm

Bivouac en haute-montagne

L’autonomie des accus du D750 n’est pas intimidée par le froid, ce qui est un sacré avantage comme ici lors d’un bivouac à 3 500m en plein vent.

Nikon D750 – 1/125s  f/2,8 ISO 2500 – 20mm

Et la vidéo.

Nikon était encore en retard en vidéo notamment au niveau de l’ergonomie et de l’utilisation du boitier. Désormais c’est du passé et le D750 est maintenant capable de fournir des séquences vidéo de qualité. Une fois de plus le poids de cet appareil vous permettra d’aller facilement filmer dans les endroits les plus compliqués ce qui reste un sacré atout. Bien entendu les vidéastes purs et durs lui trouveront de nombreuses faiblesses : pas de focus peaking, pas de 2K ni de 4K, pas de cadences élevées pour travailler en slowmotion. Toutefois ce boitier me permet de filmer facilement lors d’un reportage photo et m’ouvre ainsi la possibilité de proposer photo et vidéo sur un même shooting ce qui est un bel atout.

Nikon D750 – 1/4000s f/4,5 ISO 200 – 24mm

Vidéo et photos réalisées à l’aide du D750 lors d’un seul et même shooting. La polyvalence de ce boitier est très certainement l’un de ses gros points fort.

Nikon D750 – 1/4000s f/4,5 ISO 200 – 24mm

Le D750 face à la concurrence.

A mes yeux ce boitier n’a pour l’instant pas réellement de concurrence sur ce créneau d’appareil destiné à faire des images en montagne. Pour un appareil plein format à 2 200€, 24Mpx, tropicalisé avec 6,5 i/s, le seul boitier qui pourrait lui faire de l’ombre serait l’hybride Sony Alpha 7II souvent décrit comme étant plus léger. Certes ce dernier affiche 582g mais dès qu’on le pèse avec les batteries qui lui permettent de tenir une journée en montagne, le poids total grimpe vite en flèche. En effet la vise électronique est très consommatrice en énergie. J’avais parcouru une fois un article de Bob Vishnesk sur le site Photographlife comparant le poids de ces deux boitiers. Il expliquait, et à juste titre, que pour le même nombre de photos, le Sony avait besoin de quatre fois plus d’énergie donc un nombre plus important de batteries générant une augmentation du pods. Voici un petit tableau pour résumer ce propos.

Nikon D750

poids du boitier nu : 750g

autonomie batterie: 1230 photos

poids batterie: 76gr

poids total: 826gr

Sony A7II

poids du boitier nu : 582g

autonomie batterie: 290 photos

poids batterie: 4x57gr = 228gr

poids total: 810gr

Comme on peut le voir, 16g séparent ces deux boitiers, soit à peu près la moitié du poids d’un mousqueton. On ne peut pas ainsi vraiment dire que le Sony soit réellement plus léger.

De plus le parc optique destiné au Sony A7II n’est pas encore du niveau de ce que l’on peut trouver chez Nikon. Pour mes reportages, j’utilise en général (avec des variantes en fonction du reportage à réaliser et de la facilité à transporter du matériel plus conséquent) un 20mm f.2,8 pour les paysages et photos d’action proches et un 24-120mm f.4 qui me permet d’avoir un superbe range avec stabilisation pour la vidéo.

Dernier point noir mais qui va vite disparaitre dans les années à venir, c’est la visée électronique qui à mon goût n’est pas encore assez performante. Dans certaines conditions de prise de vue, la visée reflex reste bien plus compétitive.

Mixed climbing

La gamme optique de Nikon associé au plein format permet d’utiliser une grande gamme de focale. 

Nikon D750 – 1/1000s f/6,3 ISO 800 – 24mm

Ses points faibles.

Et oui même le D750 possède quelques points faibles mais par expérience cela ne m’a jamais posé problème au point de ne pas pouvoir prendre une photo. Les deux seules choses que je lui reprocherai serait sa vitesse d’obturation qui n’est pas assez rapide. Avec un obturateur bloqué à 1/4000s, il est parfois difficile de travailler sur la neige en plein soleil et parfois l’utilisation d’un polarisant peut-être d’un grand secours. La couverture AF est un peu étriquée mais pas non plus pénalisante. Les autres points négatifs sont plus de l’ordre de l’ergonomie comme par exemple l’absence d’écran tactile ou de touches rétroéclairées, rien de bien grave.

Conclusion.

Vous l’aurez compris, pour rien au monde je me séparerai de mon D750. Ce boitier est réellement adapté à la prise de vue en montagne. Sa polyvalence en fait une arme redoutable. Que ce soit en alpinisme, en escalade, en ski, en trail running ou en paysage, il sait se sortir de toute les situations.

Des aventures, des images, des rencontres… Voici l’histoire d’un photographe au fil des cimes.

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